Lorsque David Letky franchira la ligne d’arrivée du 128e marathon de Boston le 15 avril 2024, cela marquera une étape importante dans sa carrière de coureur, ainsi que dans son parcours de vie avec la maladie de Crohn.
Diagnostiqué pour la première fois au début de la vingtaine, le natif de Sherbrooke, Québec, se souvient qu’à l’époque, il ne comprenait pas ce que signifiait être atteint d’une maladie auto-immune. Il ne connaissait rien de la maladie de Crohn et de ses traitements, et n’avait aucune idée de ce qui allait lui arriver.
Aujourd’hui, alors qu’il se prépare pour le marathon le plus ancien et le plus connu au monde, il se sent enfin prêt à parler ouvertement de sa maladie. Il espère qu’en recueillant des fonds et en sensibilisant le public à Crohn et Colite Canada, il pourra aider d’autres personnes à vivre une expérience différente de celle qu’il a vécue lors du premier diagnostic et soutenir les programmes de recherche pour l’avenir. Et tandis qu’il réalise son rêve à Boston, il veut montrer aux autres qu’eux aussi peuvent trouver des moyens de gérer leur maladie et d’atteindre leurs objectifs.
David explique : « Les gens disent que courir me semble si facile, que j’ai un talent naturel, mais ils ne sont pas conscients des symptômes que je dois gérer avec ma maladie auto-immune. » Au cours des 15 dernières années, il a trouvé que le fait de ne pas pouvoir parler ouvertement de son état l’isolait, car aucune personne de son âge n’en parlait. Il souhaite désormais partager son expérience et espère pouvoir encourager les autres à faire part de leurs témoignages et à sensibiliser le public.
Bien qu’il ait toujours été actif dans les sports d’équipe, David n’a commencé la course à pied que huit ans après avoir reçu son premier diagnostic de maladie de Crohn; il l’a découverte un peu par hasard. Lorsque son père a reçu un diagnostic de cancer, David s’est inscrit à une marche de 145 km sur huit jours dans le désert du Sahara au Maroc pour recueillir des fonds. Il avait besoin de s’entraîner, mais comme il n’y avait aucun moyen de reproduire les conditions de marche dans le désert au Québec, il s’est mis à courir pour mettre son corps à l’épreuve.
Après ce voyage visant à recueillir des fonds, David a réalisé qu’il devait continuer à courir. Il ne lui a pas fallu longtemps pour tomber amoureux de la course et du sentiment de franchir la ligne d’arrivée, quel que soit son classement. Il a participé à des courses de 5 et 10 km puis a enchaîné sur des distances plus longues, réalisant plusieurs semi-marathons avant de passer au 42 km complet à l’automne 2021.
C’est lors de son troisième marathon à Toronto, un an plus tard, qu’il a commencé à réaliser qu’il pourrait se qualifier pour celui de Boston, car il le courait en trois heures et une minute. Il avait déjà manqué un semi-marathon dans cette ville à cause d’une maladie et d’une opération chirurgicale le jour de la course. Lorsqu’il est revenu, c’était avec un sentiment de revanche et il a voulu se racheter. Il avait quelque chose à prouver : pouvoir et devoir jeter son dévolu sur Boston. David s’est officiellement qualifié pour le marathon de Boston en courant deux marathons en moins de trois heures en 30 jours l’automne dernier à Rimouski (2 heures 55 minutes) et à Chicago (2 heures 59 minutes), réussissant ainsi à se qualifier dans sa tranche d’âge.
La route menant à Boston n’a pas été simple pour David qui dit que parfois, le simple fait de sortir du lit après un traitement est le plus grand défi de sa journée. Les symptômes, la fatigue et les douleurs articulaires causés par la maladie de Crohn signifient qu’il ajuste constamment ses programmes d’entraînement et ses périodes de repos. Il est reconnaissant que les traitements lui aient permis de continuer à mener une vie professionnelle et personnelle active et enrichissante au fil des années. Il espère que parler ouvertement de son état aidera à souligner les défis auxquels sont confrontées les personnes vivant avec la maladie de Crohn ou la colite.
David explique que le plus grand avantage de la course et de l’entraînement a été d’apprendre à comprendre ce que son corps lui disait. « Il ne s’agit pas de temps de course et de performances, mais de mieux comprendre ma maladie grâce à la course à pied. »
Il espère que son histoire fera passer le message selon lequel si quelque chose vous tient à cœur, essayez et voyez où cela vous mène, et rappelez-vous toujours que si quelqu’un a un problème de santé ou un défi personnel qui ne se voit pas au premier coup d’œil, « chacun a sa ligne d’arrivée personnelle à franchir. »
« Ma condition médicale n’a jamais été une excuse ni un obstacle pour atteindre mes objectifs professionnels et personnels. Ma priorité a toujours été de mettre un pied devant l’autre, de comprendre comment vivre avec les hauts et les bas de la maladie et d’aller plus loin, sans rien tenir pour acquis. Courir à Boston n’est que la récompense de ce parcours pour équilibrer ma vie avec une maladie auto-immune. Celle-ci ne sera jamais une excuse pour ne pas essayer et faire de mon mieux. »
COMMANDITEZ LE MARATHON
DE DAVID
David courant le marathon de Chicago 2023
David marchant dans le désert du Sahara